Il
ne bougeait pas. J'ai vu du sang couler. J'ai compris qu'il était mort. Mais, je n'ai rien senti. Absolument rien senti, car il était mort dans mon cœur depuis longtemps. Je
n'ai jamais tué personne dans ma vie, même pas un animal , j'ai
toujours pensé que Tuer est un péché très grave. Bizarrement,
devant son corps, je n'ai pas ce regret épouvantable qui m'envahit
chaque fois que je tue un insecte qui essaie de sucer mon sang. Les
moustiques ne sucent que du sang, lui, il a sucé toute mon âme. Je
crois que
j’ai bien eu raison de le tuer. Dieu, je ne sais pas l'existence d'un
tel monsieur, Bouddha, je sais bien il est mort il y a longtemps,
donc qui peut me juger ? Qui peut me punir ?
Je l'ai tué parce que je l'aime. Je l'aime plus que ma vie. Je ne supportais pas qu'il soit vivant sans moi, qu'il respire sans moi, qu'il existe sur cette terre sans moi. Jamais je n'ai aimé un homme comme ça et je suis devenue paranoïaque. Quand les hommes remplissent les rues, les bureaux, les transports publics je commence à les haïr tellement, ce débordement des hommes sur la planète. Car je voulais le voir partout, je voulais que le monde soit pour lui et qu'il soit le seul homme sur la terre. Je l'aime et l’aimais tellement qu'il commençait à me détester , m'ignorer, me laisser seule dans le noir et finalement me quitter avec le sang froid.
Je l'ai tué car je voulais simplement qu'il aille au paradis vite et qu'il renaisse vite ( je suis une croyante fidèle) car il m’avait promis qu'il serait homme de ma vie dans la prochaine vie. Il n'avait pas le projet de vivre avec moi dans cette vie. En fait, Il ne l'a pas promis non plus. Je lui ai suggéré qu'on serait ensemble dans la prochaine vie, et il l’a accepté pour me consoler du chagrin qu’il me causait. Je crois au Paradis, comme un refuge car je veux qu'il reste sain et sauf dès que j'arrive. Maintenant, je me soucie de l'Enfer. Que de bêtises on raconte sur cet endroit ! Cela n’existe pas, j’en suis sûre !
Comme toutes les femmes, je ne voulais pas attendre patiemment. Cette patience de vivre, Vivre qui prend du temps. Se réveiller tous les jours, travailler, manger, faire pipi , voyager, dormir, la vie est toujours lente. Cette lenteur m’irritait, je suis devenue furieuse. Je ne pouvais pas attendre qu’il vieillisse doucement avec sa petite amie et qu'il change ses projets au cours de sa vie. Si elle change son avis S’il lui vient à l’idée de vivre avec lui dans la prochaine vie aussi, je suis certainement foutue.
Quand j'ai coupé sa gorge , exactement là où je l'ai embrassé, j'ai eu le même bonheur qu’en l'embrassant. Le sang qui touchait mes lèvres était chaud, avait un goût de lui. Je suis sûr que je ne lui pas donné un mort très difficile, il n’a pas eu le temps de réfléchir, il m'a pas même vu car on manquait de et enlever la lumière. Je reniflais le sang comme une tigresse , j'avais très envie de lui, même à ce moment-là. La chaleur restait dans son corps irrésistible, je l'ai embrassé partout, en prenant mon temps. Ce n’était pas une folie ou une passion brûlante mais une tranquillité immense, une méditation de l'amour.
Je l'ai tué car il ne m' écoutait pas dans cette vie.
" Darling, je t'aime, est-ce que tu
m'aimes ?" J'ai posé cette question deux ou trois fois quand
j'ai perdu toute la dignité . Il
m’a répondu
une
seule fois, c'était dans un court mail. Il a déclaré son amour pour moi. "Darling I love you, I think a lot about you when I masturbate"
Jamais
dans ma vie, je n’avais été si
heureuse de ces petits mots doux. Mon amie me disait que c'était un
connard, mais je trouvais ce connard adorable. Jamais les hommes ne
doivent confier ses leurs « vrais » sentiments aux femmes car elles les utilisent plus
tard les dire à tout le monde . Elles ne sont jamais discrètes, même les femmes
anges ont un coté
chiant quand elles sont blessées.
Je détestais aussi son enthousiasme à vivre sans moi, ses vacances préférées avec les amis, son anniversaire avec ses parents, son travail qui l'occupait, ses aventures avec les filles que je trouve « très cool ». Je ne trouvais pas une place précise dans sa vie, je me sentais comme son passe-temps préféré ou l'oiseau exotique qu’il n’avait pas l’intention de garder. Il venait me voir de temps en temps, me donnait des illusions d'amour et puis il partait. Il savait que je l'aimais comme dans les romans, avec une passion intense. C'était trop pour lui, "trop d'amour" il disait, c'était mon seul défaut. Il ne voulait pas montrer ses émotions comme moi. Pourtant il m'aimait. Je le savais, sinon pourquoi je le tue ?
Parmi ces mots je cache sa tête coupée. Les policiers viendront faire l’enquête. Je vais m'enfuir bientôt , ils ne me trouveront pas c'est rigolo, ils essaieront de trouver le criminel , la cause de cette mort cruelle, ils essuieront le sang qui sera pourri tout noir , dans sa gorge, ils le transporteront à un hôpital, les journalistes prendront beaucoup de photos, sous plusieurs angles de caméras. Je les regarderai lui aussi, il les regardera tout en souriant avec ses yeux étincelants. Ils attendront la justice pour sa vie, par la loi. Mais lui et moi, on n'attend rien. Je sais qu'il me haïrait pas, il me pardonnerait comme toujours, en secouant sa tête doucement, il m'embrasserait, son tueur, il me câlinerait avec une telle passion. Il me jugerait pas, jamais.
Je suis très contente, c'est une euphorie insupportable. Est-ce qu'il y a des criminels contents ? J'ai de la chance. La souffrance finie, l'attente finie, la douleur finie , lui et moi aussi.
Le
vrai bonheur commence dès sa mort.
Aujourd’hui
il est mort à 23.59hrs.
Demain
on sera ensemble à 00.01hrs. Mais, il faut encore patienter.
Par Jahooli Devi