"Le roman est un miroir que l’on promène au
long d’une route"
Stendhal
Le XIXe siècle
marqué par la forte émergence de la production littéraire surtout
l’émergence du "roman" comme genre intégré et reconnu témoigne
plusieurs mouvements littéraires.
Le roman de la période romantique cherche à rompre avec la forme classique ; c’était une transposition littéraire d’une expérience personnelle de l’auteur, le récit d’un amour vécu.
La vie réelle restait loin du sujet principal des écrivains. C’était dans cette époque le réalisme voit le jour comme en réaction contre le romantisme sentimental et imaginaire.
Historiquement, le réalisme
est un mouvement artistique, essentiellement littéraire et pictural qui est né
en 1850 et s’étendait vers la seconde moitié du XIXe siècle.
Si on analyse de près la société du XIXe siècle en France, on notera les grands événements historiques, politiques et économiques qui ont été influencé la littérature en général.
Le mouvement réaliste ainsi commence « au lendemain de la révolution de 1848 », sous l’empereur Napoléon, dans une société en pleine mutation, qui devient essentiellement matérialiste.
Tandis que les banques se multiplient, que la société s’industrialise entrainant un monde des ouvriers, les intellectuels se passionnaient pour les sciences et les techniques.
Cette révolution industrielle sous le Seconde empire amène l’accélération de l’ascension sociale de la bourgeoisie aisée, et des fortunes considérables s’édifient. Ainsi, la tendance au matérialisme se généralise dans la société.
Le mot
latin « realis » signifiant « réel » est l'origine du
terme Réalisme. Au sens large une œuvre réaliste s’applique à représenter les
gens et le monde tels qu’ils sont et non à travers le filtre de l’imagination
de son auteur.
Comme nous avons indiqué au début, selon les paroles de Stendhal, le roman réaliste reflet comme un miroir la société réelle et contemporaine.
Champfleury, un écrivain, théoriste, en 1857, dans un ouvrage intitulé « le réalisme », défini en ces termes la théorie du mouvement.
« La reproduction exacte,
complète, sincère du milieu ou l’on vit, parcequ’une telle direction d’études
est justifiée par la raison, les besoins de l’intelligence et l’intérêt du
public et qu’est exemple du mensonge de toute trahison »
Selon ses termes on voit que
les écrivains réalistes essaient de créer les œuvres qui sont favorables à la
production d’une littérature qu’intuitive, une textualité fondée sur l’analyse
des milieux sociaux observables plutôt qu’imaginaires.
Si on résume toute l’idée du
réalisme et l’effort des écrivains, on peut conclure avec cette idée :
« Les écrivains réalistes
cherchent à dépeindre la réalité telle qu’elle est, sans artifice et son
idéalisation » Le réalisme, le mouvement artistique influence tous les domaines artistiques
comme le roman, les nouvelles, les peintures, la poésie, les pièces de théâtre
etc.
Dans la peinture, Gustave
Courbet (1819 -1877), rejette, comme convention, bourgeoise l’idéalisme et
l’académisme régnant. Ses étoiles exposées dans les très officiels salons
suscitent de violents polémiques.
Cette bataille réaliste a été
renforcée par un cénacle d’artistes et d’hommes de lettres de cette
époque.
La littéraire retient les noms des romanciers Champfleury et Duranty, qui se feront les théoriciens du mouvement (revue réalisme fondé par Duranty en 1856).
Balzac avec son chef d’œuvre « La comédie humaine » décrit la vie réelle et la société contemporaine d’une manière ironique et polémique. Ce début littéraire s’étend vers Gustave Flaubert (1821-1880), Emile Zola (1840-1902), Guy de Maupassant (1850-1893), Edmond et Jules Goncourt (1822 -1896,1830-1870), Jules Champfleury (1821-1889), Alexandra Dumas fils (1824-1895), Ernest Feydeau (1821-1873).
Parmi ces grands écrivains, nous avons choisi les œuvres de Gustave Flaubert et Guy de Maupassant pour présenter les caractéristiques importants du Réalisme.
Les thèmes abordés par les réalistes sont très variantes. On peut les catégoriser comme ci-dessous :
·
La puissance
de l’argent et le pouvoir politique
·
L'absence de
spiritualité (la négation de Dieu, la dénonciation de la religion, Mort
vue comme un fin
·
Le corps
(érotisme, sensualité, souffrance, la femme)
· Le
rayonnement de Paris, centre des affaires et de plaisirs sous Napoléon 3
Ils ont vraiment
travaillé sous l’objectif de montrer les mécanismes économiques et sociaux
conduisant l’individu à la réussite ou à l’échec.
Le réalisme se
caractérise d’abord par l’attention qu’il porte à la psychologie des
personnages qu’il décrit. En effet, leurs sentiments, leurs passions, leurs
traits de caractère doivent avoir l’air vrais – qu’ils soient normaux ou non.
Dans le chef d’œuvre de Flaubert , Madame Bovary , il met en valeur les intérêts, les appétits, les instincts de la bourgeoise par le personnage d’Emma qui mène à la ruine de l’individu à cause de trop d' illusions. Dans une société très veillée par la censure, Madame Bovary fut un vrai scandale pour son thème très polémique.
La vie adultère d’Emma et son refus du mari médiocre et sa dénonciation de l’église provoquent toute la société. On l’accuse d’avoir « outragé la moral publique et la morale religieuse ».
« Dire la vérité,
c’est forcer les hommes à ouvrir les yeux sur le néant de leurs
condition »
Le thème de la bourgeoisie est
aussi important parce que cette une époque ou les commerçants, petits hommes
d’affaires étaient en plein épanouissement et l’importance de l’argent frappait
la société.
Les écrivains substituent l’homme ordinaire aux héros romantiques pour montrer le destin plus commun facilitant écho aux bouleversements politiques.
Emma Bovary fut victime de ses rêves d’une vie riche et luxe. La grandeur du réalisme de Flaubert se trouve dans sa capacité de garder la médiocrité, l’ennui de la vie provençal sans faire ennuyer le roman.
Madame Bovary, le roman est composé de trente cinq chapitres qui apparaissent comme un succès de tableaux décrivant les moments d’une vie.
Le roman reflet l’état de dès satisfaction de la futilité du désir et donne naissance au concept de bovarysme qui décrit les jeunes femmes nervées dans cette epoque.
Le personnage d'Emma reflet beaucoup d'éléments du réalisme comme elle est représentée vulgaire, polémique et immorale ceux qui était vraiment opposée aux personnages du romantisme et du classicisme.
Inspiré par les œuvres
réalistes de Flaubert, Guy de Maupassant adopte un style d’écriture unique
pour lui.
Il ne choisit pas de caractères extraordinaires dans ses romans ; il ne fera pas de héros.
Maupassant s’inspire souvent de faits divers qui servent ses évocations de normandes avides d’argent. Cet écrivain tente de saisir à la fois une réalité psychologique, incarnée par les personnages de leurs romans et une réalité sordide, historique.
Les caractères sont tous
montrés comme les victimes de l’avarice du désir ou de la vanité ce qui
explique bien la situation économique du pays.
Son meilleur roman réaliste Une vie 1883 s’agit de la vie d’une jeune femme désillusionnée et perdue par son mariage. Bel ami 1885 décrit la carrière professionnelle d’un journaliste égoïste, tandis que Pierre et Jean 1888 décrit la haine entre deux frères à cause de l’argent.
Dans la préface du roman Pierre
et Jean, Maupassant exprime son opinion sur le réalisme :
« La vérité rien que la
vérité et toute la vérité...le réaliste, s’il est un artiste, non pas a
nous montrer la photographie banale de la vie, mais a nous donner la
vie plus complète, plus saisissante, plus probable que la réalité
même »
Non seulement dans les romans
mais aussi ses nouvelles il essaie d’exprimer la réalité tel qu’elle est
en utilisant les gens ordinaires, ouvriers, artisans,
prostituées, marginaux et les femmes discriminées comme les personnages
principaux.
Le récit de Boule de suif 1880, une courte histoire, avec une prostituée comme personnage central et son comportement généreux d’avoir venu au secours de ses compagnons et inalement le mépris qu’elle éprouve par les autres malgré sa générosité ,montre bien la nature humaine.
Maupassant voulait met en scène l’égoïsme individuel, les idées contrôles par les valeurs morales conservatrices des gens. Afin de faire vrai, non seulement les personnages sont-ils des gens « ordinaires », mais ils sont toujours clairement identifiés : on connaît leur nom, leur âge, leur famille, leur passé, voire leur hérédité et leur lignage en plus de leurs traits de caractère.
Ils ont une histoire personnelle que les auteurs réalistes ont à cœur de montrer au lecteur, afin qu’il puisse saisir entièrement les relations qu’entretiennent ces personnages avec leur entourage de même que leurs motivations.
« La ficelle, La Parure, Mlle Fifi, Maison de Tellier » sont des nouvelles très réalistes qui met en lumière le monde ouvrier frustré, la petite bourgeoisie insatisfaite, la prostitution et aussi le pouvoir de l’argent d’une telle société.
Si on analyse plus loin la théorie du ce mouvement
littéraire, on voit que le réalisme, dans sa façon de représenter la
réalité sociale, a absolument besoin du personnage : c’est par lui qu’on
peut montrer sa conscience. Donc, les fonctions d’un personnage réaliste
sont décrits comme ci-dessous :
·
Il est d’abord le «
héros » d’une aventure, l’agent d’une action ou d’une série d’actions
telles qu’en offre la vie réelle ;
· C’est à travers lui que s’inscrit la vision du monde de l’auteur –
c’est lui qui permet la critique sociale – ;
·
Il assure la cohésion de
la narration et de la description.
Dans le réalisme, en effet,
les descriptions ne doivent jamais être gratuites, comme cela pouvait être
le cas dans les œuvres romantiques, où l’on cherchait à « faire beau » – le réalisme veut « faire
vrai ». Pour pouvoir poser un regard critique sur le monde qui l’entoure,
l’auteur réaliste devra mettre en scène des êtres « typiques ».
C’est pourquoi il choisira ses personnages dans une population «
quelconque » (des monsieur et madame tout-le-monde).
Selon les œuvres réalistes, on
voit que, l’auteur réaliste s’intéresse en général à deux types de
héros(même s’ils ne sont pas vraiment les héros toujours).
Le premier est celui du bourgeois médiocre – on s’intéresse à ses passions, qui sont elles aussi médiocres, terre à terre, et à la façon dont il est conditionné par sa constitution.
(ex: Charles Bovary et Emma
Bovary dans Madame Bovary, Jeanne et Julien dans Une
vie).
Le second type est celui du
jeune homme de basse condition sociale qui aspire à une rapide ascension
aux couches supérieures de la société – on montre alors son apprentissage
social, moral, intellectuel et amoureux (ex: George Duroy dans Bel
–ami)
Il est une
préoccupation centrale chez les grands écrivains
dits « réalistes » c’est bien celle de l’expression, de la
structure, du travail formel en un mot de la
« stylisation »la fidélité au réel, qui ne peut être
reproduction impose la nécessité d’une stylisation.
Maupassant travaille surtout
la structure de la nouvelle qui éprouve la réalité avec une netteté
classique. D’autant plus frappante qu’elle laisse habillent entrevoir des
abimes psychologiques (pulsions destructrices ou auto destructrices).
Maupassant dans la préface de Pierre et Jean observe que « faire vrai » consiste à donner « illusion complète du vrai »
Même si tous les écrivains
réalistes perpétuent une tradition scolaire qui range sous la bannière du
réalisme, il existe les nuances de l’écriture. Selon Maupassant
son écriture s’agit « d’une vision personnelle du monde »
ou pour Flaubert « une véritable recréation stylistique du
réel »
L’importance accordée à
l’histoire personnelle des héros fait aussi en sorte que le récit peut
paraître biographique, la chronologie elle-même du récit maintenant cette
illusion.
En effet, l’histoire est toujours écrite de façon linéaire, respectant l’ordre dans lequel se produisent les événements : pas d’analepsie (flash-back) ou de prolepse (projection dans le futur) pour les auteurs réalistes.
D’ailleurs, le temps du récit est généralement le passé simple et l’histoire est racontée à la troisième personne, ce qui contribue à la distanciation de l’auteur par rapport à son œuvre, et donne une plus grande impression d’objectivité. L’utilisation d’un vocabulaire concret et d’abondantes descriptions complète le tableau des techniques d’écriture des auteurs réalistes.
Le roman réaliste est encore
soumis à l’exigence de lisibilité. Il comprend des procédés de
désambigüisation divers : hypo taxe, anaphores, et rappels.
Le lecteur n’est pas en retard sur le personnage. Il possède l’information nécessaire pour pouvoir assurer ses opérations de mémorisation ou d’anticipation. C’est un roman qui vise des couches de lectures plus étendues et moins cultives qu’elle touche par le roman traditionnel.
Malgré sa grandeur du réalisme
, on le critiquait pour ses limites et de défauts et était un sujet du
débat du monde littéraire de XIXe siècle.
Un accus charge c’est que
la description excessive des choses minimums et trivial dans la société
fait ennuyer les lecteurs. La laideur et le monde ouvrier ne devaient pas
les thèmes d’un mouvement esthétique qui devait être exprimé la
beauté et le bonheur.
Selon Flaubert, il a été mal vu par la société intellectuelle.
« Si jamais je prends une
part active au monde , ce sera comme penseur et comme démoralisateur .Je
ne ferai que dire la vérité, mais elle sera horrible cruelle et nue »
Il faut aussi
bien important d’évaluer ce que le réalisme a apporté sur le
monde littéraire pendant ces années suivantes. Le naturalisme développe un
autre mouvement littéraire avec les racines du réalisme. Emile Zola dans
son roman Germinal et l’Assommoir fait
l’expérimentation du réel en plaçant ses caractères dans la réalité.
Zola essaie de donner la
littérature réaliste un modèle de la science. Les Russes sans jamais
former d’école se montrent attentifs à la situation sociale dans leur pays
d’une manière réaliste. (Dostoïevski, Tolstoï, Gorki) s’il est un
mouvement révolu de la sensibilité littéraire dominante le réalisme a eu
des répercussions sur le roman du xxe siècle et a servi de référence
littéraire.
Les origines du réalisme nous
montrent qu’il est une réaction à l’abus du lyrisme des romantiques. Cette
réaction, on l’a vu, passe par un besoin d’objectivité qui s’est exprimé
dans les thèmes abordés par les écrivains, de même que dans la forme même
de leurs écrits. Il faut comprendre cependant que, même s’il s’élève contre
le mouvement romantique, le réalisme n’a pu s’en dégager entièrement et en
garde de profondes marques, même dans ses plus grands chefs-d’œuvres.
Ainsi, le réalisme, on ne
cherchait pas à « faire beau » – mais toujours « faire vrai ».
Par Jahooli Devi
Bibliographie :